Dans l'œil de Michel Desautels
Tout un matin, mardi 16 août 2022Béni des dieux maudit par les hommes (Fonderie Horne et contamination)
… L'économie, l'environnement et la politique se croisent, et ce qui me frappe, c'est à quel point nous sommes durs de comprenure. C'est particulièrement dramatique pour nous les Québécois parce que nous vivons sur un coin de terre béni des dieux, mais maudit par les hommes. Le hasard a voulu que nous vivions au milieu d'un des lieux hydrographiques les plus riches du monde. Aveuglés par cette richesse-là, on continue de se comporter comme si c'était une ressource infinie, alors on contamine notre eau, on la donne à des entreprises qui la vendent au prix de l'or blanc pendant qu'ailleurs, on le sait, la planète a soif. À toutes les contaminations [comme celles de la Fonderie Horne] nous trouvons des solutions partielles et dans tous les cas sous la pression populaire, comme s'il fallait toujours se soumettre au dieu argent. [...] La Fonderie Horne a dit accueillir avec ouverture les orientations présentées par Québec, comme si le fait d'avoir pu polluer sans contrôle pendant un siècle donnait à l'entreprise un droit divin, une sorte de droit d'aînesse, une clause grand-père qui protège contre des normes plus sévères. Avec la course aux terres rares, et on est vraiment dedans, qui sont nécessaires à la technologie, on verra de nouvelles sources de contamination qu'il faudra traquer, mesurer, endiguer. Or rien n'est fait. J'aimerais terminer en citant les paroles de cette chanson de Gilles Vigneault, qu'on pourrait dire prémonitoire :
Fer et titane (1961)
Refrain :
Fer et titane
Sous les savanes
Du nickel, du cuivre
Et tout c’qui doit suivre
Capital et métal
Les milliards et les parts
Nous avons la jeunesse
Et les bras pour bâtir
Nous avons, le temps presse
Un travail à finir
Nous avons la promesse
Du plus brillant avenir
Refrain
Vingt bateaux d’cent mille tonnes
Qui arrivent, qui sont partis
Débarqué vingt mille hommes
Sur dix quais qu’on a bâtis
Des machines et des outils
Qui viennent de tous les pays
Cinq rivières détournées
Les barrages sont commencés
Les ch’mins d’fer de trois cents milles
De Knob Lake jusqu’aux Sept-Îles
Corroyeurs et hauts-fourneaux
Dynamite et dynamos
Faut creuser, couper, casser
Faut miner, tracer, passer
Refrain
Pas l’temps d’sauver les sapins
Les tracteurs vont passer demain
Des animaux vont périr
On n’a plus l’temps d’s’attendrir
L’avion, le train, l’auto
Les collèges, les hôpitaux
Et de nouvelles maisons
Le progrès seul a raison
À la place d’un village
Une ville et sa banlieue
Dix religions, vingt langages
Les p’tits vieux silencieux
Pis r’garde-moi bien dans les yeux
Tout ce monde à rendre heureux
Refrain
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Dans l'œil de Michel Desautels
Tout un matin, lundi 15 août 2022Une pensée pour Salman Rushdie
[...] Partout dans le monde il y a des bouleversements climatiques et politiques. On voit bien, là où nous mènent notre incurie et nos petites lâchetés. On dit souvent qu'on a les élus qu'on mérite. Et c'est vrai qu'on serait souvent tentés de les blâmer pour tout, ces incompétents qui nous dirigent, ces corrompus à qui nous confions nos biens collectifs, ces arrogants grisés par le pouvoir et qui oublient les gens d'en bas. Mais dans le fond, c'est nous qui les élisons. On va le faire encore bientôt. Et en étant un si petit nombre on ne fait qu'accroître la défiance qui mine nos démocraties. [...] Prendre la parole, défendre la liberté d'expression, débusquer la censure, c'est ça qui devrait préoccuper les citoyens que nous sommes.
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