À quoi ça sert? Rien ne change.
La commémoration annuelle du massacre à la Polytechnique nous a-t-elle obtenu un meilleur contrôle des armes à feu?
Les horreurs survenues en CHSLD durant la pandémie vont-elles susciter une véritable amélioration des conditions de vie dans ce milieu? Quand?
Image : André-Philippe Côté / Le Soleil, 13 mars 2021
Le drame de Joyce Echaquan va-t-il contribuer à réduire le racisme dans le réseau de la santé, notamment à Joliette? Deux infirmières du CHSLD de Joliette ont été congédiées pour des propos jugés irrespectueux sinon racistes envers une patiente autochtone.
Mise à jour (ICI Radio-Canada / Espaces autochtones) : Stéphane Cormier, du Syndicat interprofessionnel de la santé de Lanaudière, déplore le fait que le licenciement des deux infirmières ait eu lieu sans qu’une réelle enquête sur les faits qui leur sont reprochés ait été réalisée. (...) Les deux infirmières sont atterrées, a martelé pour sa part Stéphane Cormier, en entrevue à Espaces autochtones. «Elles ne nient pas ce que Mme Ottawa a ressenti, car ça lui appartient. Mais elles précisent que leurs gestes n'avaient rien de raciste, qu'il s'agissait de tentatives de rentrer en contact avec elle, comme elles l'avaient appris dans la récente formation qu'elles venaient de suivre qui recommande de s'intéresser à la culture de leurs patients autochtones.»
Ah oui? Facile à dire après coup... Un affreux manque de discernement? Leurs propos portaient à équivoque et risquaient même de tourner le couteau dans la plaie au lieu de réconforter. Pourquoi Jocelyne Ottawa leur aurait-elle chanté une chanson en atikamekw, histoire de faire connaissance? J’imagine mal une infirmière demandant à une patiente blanche de Joliette de chanter alors qu’elle a une blessure au pied à faire soigner.
«Contre la stupidité, les dieux eux-mêmes luttent en vain.» ~ Friedrich Schiller
Le réseau de la santé est tellement en manque de personnel qu’il ne vérifie peut-être pas les antécédents des futurs employés... Par contre, si le personnel n’est pas raciste, la clientèle peut l’être :
Le CISSS des Laurentides a tenté à 10 reprises, l’automne dernier, de recruter des préposées aux bénéficiaires obligatoirement «de couleur de peau blanche» pour travailler à l’hôpital de Saint-Eustache. «Une offre d’emploi qui prescrit une origine ethnique, un sexe ou une orientation sexuelle, ou quoi que ce soit du genre, ça n’a aucun bon sens, on s’entend tous là-dessus», a lancé la ministre de la Sécurité publique en mêlée de presse. Selon les courriels obtenus par La Presse, le service des ressources humaines de l’organisation a expliqué que cette exigence était motivée par la présence d’un «patient difficile» en médecine générale «qui [voulait] malheureusement seulement une femme de couleur de peau blanche».
Les souvenirs
Henri Bataille *
Les souvenirs, ce sont des chambres sans serrures,
Des chambres vides où l'on n'ose plus entrer,
Parce que de vieux parents jadis y moururent.
On vit dans la maison où sont ces chambres closes.
On sait qu'elles sont là comme à leur habitude,
Et c'est la chambre bleue, et c'est la chambre rose...
La maison se remplit ainsi de solitude,
Et l'on y continue à vivre en souriant...
J'accueille quand il veut le souvenir qui passe,
Je lui dis : «Mets-toi là...Je reviendrai te voir...»
Je sais toute ma vie qu'il est bien à sa place,
Mais j'oublie quelquefois de revenir le voir,
Ils sont ainsi beaucoup dans la vieille demeure.
Ils se sont résignés à ce qu'on les oublie,
Et si je ne viens pas ce soir ni tout à l'heure,
Ne demandez pas à mon coeur plus qu'à la vie...
Je sais qu'ils dorment là, derrière les cloisons,
Je n'ai plus besoin d'aller les reconnaître;
De la route je vois leurs petites fenêtres,
Et ce sera jusqu'à ce que nous en mourions.
Pourtant je sens parfois, aux ombres quotidiennes,
Je ne sais quelle angoisse froide, quel frisson,
Et ne comprenant pas d'où ces douleurs proviennent,
Je passe...
Or, chaque fois, c'est un deuil qui se fait
Un trouble est en secret venu nous avertir
Qu'un souvenir est mort ou qu'il s'en est allé...
On ne distingue pas très bien quel souvenir,
Parce qu'on est si vieux, on ne se souvient guère...
Pourtant, je sens en moi se fermer des paupières.
* Henri Bataille (1872 - 1922) est un dramaturge et poète français. Il a écrit 25 pièces de théâtre, dont certaines ont connu leur heure de gloire. Son oeuvre poétique est malheureusement passée au second plan.
Cueilli
sur : http://textesatoutvent.blogspot.com/
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