«Quand il
s'agit d'argent, les principes ordinaires de conduite prennent congé. L'argent
non seulement n'a pas de cœur, mais pas d'honneur ni de mémoire. Dans les
affaires il faut toujours mentir et tricher, mais on appelle ça autrement.»
~ John
Steinbeck
Je ne saurais
dire laquelle des opinions ci-après serait la plus proche de la réalité. Néanmoins,
je considère qu’il faut être naïf, aveugle ou stupide pour ne pas déceler
l’ingérence de la «famille Desmarais» (au sens mafieux du terme)
dans la nomination de la conjointe de Paul Desmarais III au poste
de directrice de la conservation. Un choix somptueusement revêtu de conflit
d’intérêts pouvant facilement soulever la controverse. À la fin, vous trouverez
les propos de Nathalie Bondil tels que recueillis par Guillaume Bourgault-Côté (journal
Le Devoir).
Animation des
mobiles de Calder au Musée des beaux-arts de Montréal / septembre 2018. Crédit
: Isabelle Delorme https://mauditsfrancais.ca/ . Conçue et
organisée par le Musée, l’exposition regroupe 150
oeuvres incluant notamment des prêts des musées Guggenheim et Whitney de New
York, du Centre Pompidou ou du Smithsonian. Certaines oeuvres fraîchement restaurées sont montrées pour la
première fois ou presque.
Nathalie Bondil : une bien triste
situation
Marc Cassivi
La Presse /
14 juillet 2020
[...]
La directrice
générale a-t-elle laissé s’envenimer trop longtemps un climat malsain dans
l’institution qu’elle dirigeait, par solidarité avec son équipe de direction?
Beaucoup estiment que oui. Ses proches et alliés croient en revanche que
Nathalie Bondil paie un fort prix pour les agissements des autres – une
collaboratrice en particulier, qui travaille toujours au musée –, et que ce
motif de congédiement n’est qu’un prétexte pour dévier l’attention du véritable
nœud de la crise au MBAM, c’est-à-dire la nomination de Mary-Dailey Desmarais à
un nouveau poste de directrice de la conservation.
Cette jeune candidate, très prometteuse,
mais ayant peu d’expérience de gestion, aurait, disent-ils, été imposée à
Nathalie Bondil, qui était d’accord avec le principe de scinder ses tâches – ce
qui lui permettait de se concentrer sur la direction artistique –, mais pas sur
le choix de Mme Desmarais.
Mary-Dailey
Desmarais, commissaire et conservatrice de l’art moderne et de l’art
contemporain international au MBAM, est
arrivée quatrième dans le processus de nomination pour ce poste, selon les
critères de la grille d’analyse établie par le comité de sélection. Elle a
néanmoins été préférée à une candidate qui a davantage d’expérience et de
compétences, sans le consentement de la direction générale.
Beaucoup mettent en doute ce processus de
sélection, en raison notamment des liens familiaux de Mme Desmarais, femme de
Paul Desmarais III, dont la famille (propriétaire de La Presse jusqu’en 2018)
est très influente dans les activités de financement du musée. «C’est exact
qu’elle était quatrième dans cette évaluation, concède Michel de la Chenelière.
Mais la grille d’analyse n’est qu’un des outils utilisés dans la sélection.»
[...]
On a traité Nathalie Bondil en voleuse
François
Cardinal
La Presse / 15
juillet 2020
Après 13 ans
passés à la tête du Musée des beaux-arts de Montréal, plusieurs succès et
maints éloges, la directrice générale et conservatrice en chef s’est fait
mettre dehors, comme une voleuse.
Et pourtant, quand on prend le temps
d’écouter les témoins et acteurs de cet étrange drame, on en vient à se
demander si c’est elle qui méritait la porte. Ou si ce n’est pas plutôt celui
qui la lui a montrée...
On a en effet remercié sans la remercier
cette femme qui a tant donné à l’établissement, sans qu’on saisisse tout à fait
ce qu’on lui reproche. On l’a dépouillée de ses fonctions, on lui a retiré son
cellulaire, on a coupé ses courriels. Et on lui a même interdit de se défendre
publiquement (consigne qu’elle n’a heureusement pas suivie).
Pourquoi lui demander de partir tout d’un
coup? Parce que Mme Bondil le «picossait», a-t-il dit...
Tout de même aberrant! La gestionnaire
vedette est demeurée à la tête de l’établissement pendant plus de 10 ans, sans
aucun grief formel connu. Et en l’espace d’à peine 10 jours, la situation avait
à ce point dégénéré qu’il fallait lui montrer la porte manu militari?
[...]
Programmation de Nathalie Bondil : le
MBAM mérite mieux
René Viau,
critique d’art
La Presse /
15 juillet 2020
La
programmation muséologique de Nathalie Bondil au Musée des beaux-arts de
Montréal (MBAM) était avant tout basée sur l’exploitation des fantasmes de la
classe moyenne en matière artistique. (Warhol, Yves Saint Laurent, Jean Paul
Gaultier ou Thierry Mugler...) et ce au détriment d’une véritable volonté de
documenter et d’éclairer la notion de beaux-arts, et le travail des artistes
québécois et canadiens, vus davantage comme un handicap aux yeux de
l’ex-directrice.
Pour ma part, je n’ai visité, depuis qu’elle
est en poste, aucune exposition intéressante et qui pourrait être comparable à
ce que font les grands musées internationaux.
[...]
MBAM: nettoyer le gâchis avant qu’il
ne se transforme en catastrophe
Félix-Antoine
Joli-Cœur
Entrepreneur
et consultant, et 15 signataires
La Presse /
16 juillet 2020
... Depuis 10
ans, le Musée s’est complètement transformé. On a vu la construction de
nouveaux pavillons, d’un auditorium, d’une salle de cinéma et même d’espaces
spectaculaires consacrés aux enfants et à l’art-thérapie. Ces aménagements ont
doublé la superficie du Musée en moins de 10 ans. Ils ont surtout permis de
tripler sa fréquentation, faisant du MBAM l’un des musées les plus fréquentés
du pays… un musée aussi populaire que celui de Bilbao!
Cette révolution a été rendue possible grâce
à une série de dons majeurs, notamment ceux des familles Bourgie, Hornstein,
Crétier ou de la Chenelière, pour ne nommer que celles-là. Ce rayonnement a été
rendu possible grâce à l’équipe du MBAM, dont plusieurs membres sont des stars
dans leur domaine d’expertise.
Mais aussi et surtout, cette révolution a
été rendue possible grâce au leadership de Nathalie Bondil, qui dirige le Musée
depuis 2007. Aussi, son congédiement et la façon lamentable dont il a été
organisé ne sont pas acceptables.
Nous demandons en conséquence que des
décisions importantes soient prises rapidement par le conseil d’administration
du MBAM et la ministre de la Culture et des Communications du Québec, le
gouvernement ayant investi des dizaines de millions dans l’aventure.
[...]
MBAM : «C’est un lynchage», dénonce
Nathalie Bondil
Guillaume
Bourgault-Côté
Le Devoir /
15 juillet 2020
Nathalie
Bondil se dit victime d’un « lynchage » de la part d’un conseil
d’administration qui aurait «pris le contrôle» du Musée des beaux-arts de
Montréal (MBAM). Au lendemain de son congédiement-surprise, la directrice
générale et conservatrice en chef de l’établissement contre-attaque.
Selon elle, les raisons données pour
justifier son renvoi – un climat de travail «toxique», de même que son
«inflexibilité» devant les solutions proposées, voire son «déni» des
conclusions d’un rapport indépendant – ne sont qu’un paravent.
En entretien avec Le Devoir mardi, Mme
Bondil a soutenu qu’il «est totalement faux» de dire qu’elle n’a pas voulu
collaborer avec le conseil d’administration après la présentation du diagnostic
sur le climat de travail.
Elle affirme que son congédiement tient
plutôt à ses critiques du processus de sélection qui a mené à l’embauche
récente de Mary-Dailey Desmarais – membre d’une famille très influente au MBAM –
comme directrice de la conservation. «On a éliminé le comité de direction dans
un processus de sélection, dit-elle. On ne peut pas faire ça.»
Mme Bondil estime aussi que le salaire qui a
été consenti par le C.A. à Mary-Dailey Desmarais [que Le Devoir n’a pu valider]
est inéquitable par rapport à d’autres directrices.
[...]
Aucun commentaire:
Publier un commentaire