Le lien "famille" est très puissant chez les éléphants
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Les anthropologues ont longtemps cru que seuls
les animaux ayant un cerveau volumineux pouvaient créer des liens affectifs; on
avait remarqué que l’amitié existait chez les éléphants, les dauphins, les
primates et certains carnivores.
Des recherches récentes confirment toutefois
que plusieurs espèces dont le cerveau n’est pas plus gros qu’une arachide, notamment
les oiseaux et les poissons, développent des rapports amicaux à l’intérieur d’une
colonie. «En observant les chauvesouris, on remarque qu’il n’est pas indispensable
d’avoir un gros cerveau pour développer ce type de rapports tout à fait similaires
aux nôtres. Les membres échangent de l’information, prennent des décisions en
groupe, se dorlotent et profitent de la nidification mitoyenne pour se
réchauffer les uns les autres, et sont capables de fidélité en amitié. En dépit
du chaos quotidien, l’on constate que les chauvesouris bâtissent des amitiés
durables. En fait, les chauvesouris à ‘petite cervelle’ semblent même mieux
réussir que nous!», note le chercheur de l’Institut Zoologique de Greifswald,
Kerth Balcombe.
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Un phénomène étrange corroborant ce qui précède s’est
produit lors du décès de Lawrence Anthony le 1er mars 2012. Le plus
mystérieux de l’affaire reste : comment les éléphants ont-ils su que leur
bienfaiteur était mort?
L’anecdote tend à prouver (pour qui en douterait…)
que nous sommes tous connectés au niveau des énergies subtiles, quelle que soit
la distance, et c’est d’autant plus palpable
quand il y a un lien affectif.
Si nous voulons réfléchir à cette merveilleuse
«interconnexion entre tous les êtres», ces éléphants nous en fournissent
l’occasion... L’histoire défie toutes les explications humaines, logiques,
cartésiennes, scientifiques, raisonnables…
La famille du réputé conservationniste raconte que
deux troupeaux d'éléphants sauvages se sont frayé un chemin à travers la brousse
de Zululand pour défiler en procession solennelle vers la réserve de Thula Thula
(KwaZulu) les 2 et 3 mars. Ils auraient pressenti la mort de leur ami et souhaité
rendre hommage à celui qui les avait secourus et réhabilités. Les éléphants ont
circulé pendant deux jours dans la réserve avant de repartir vers la brousse.
L’on sait que les éléphants s’attachent
à leur «famille» et qu’ils pleurent leurs morts. Ils ont le même comportement envers
les humains qui en prennent soin avec bienveillance. Par exemple, en Inde, le bébé
éléphant est souvent élevé par un garçon qui deviendra son mahout à vie (ou cornac – conducteur, maitre,
guide, soigneur). La paire développe
parfois un lien d’affection si intense qu’il n'est pas rare de voir l'un perdre
le gout de vivre après la mort de l'autre.
Lawrence Anthony a livré un dur combat pour la
survie des éléphants. Au départ, gagner leur confiance fut difficile – les éléphants détestaient les humains et
étaient violents [on peut comprendre…].
Ce premier contact inusité semble avoir inspiré
la colossale mission du conservationniste : «Soudain, j'ai été frappé de
l’absurdité de la situation, j’étais là en train de parler à une éléphante
sauvage avec un bébé, la plus dangereuse combinaison possible, comme s’il
s’agissait d’une banale conversation amicale. Mais je pensais chaque mot que je
lui disais : ‘Vous mourrez tous si vous
partez. Restez ici. Je prendrai soin de vous et c'est un bon endroit.’ Elle
a fait un pas en avant. J'étais sur leur chemin et je n'aurais que quelques
secondes pour grimper à l'arbre le plus proche. Je me demandais si j’étais
assez rapide pour éviter d'être piétiné. Probablement pas. Puis, quelque chose
s'est passé entre Nana et moi; une petite étincelle de reconnaissance, pour un
bref moment. Puis celui-ci a disparu. Nana est retournée vers la brousse, et le
reste du troupeau l’a suivie. Je ne pouvais pas expliquer ce qui s'était passé
entre nous, mais cela m'a donné une première lueur d'espoir.» Il décida par la
suite de vivre avec les éléphants, de les nourrir, de leur parler et d’être
disponible jour et nuit pour apprendre à les connaitre.
Lawrence Anthony a écrit trois ouvrages :
- L’homme qui murmurait à l’oreille des éléphants
- L’Arche de Babylone, l'incroyable sauvetage du
zoo de Bagdad
- Les derniers rhinocéros (À lire : http://www.linternaute.com/nature-animaux/expert/51097/les-derniers-rhinoceros.shtml
)
COMMENTAIRE
L’amour/amitié n’a donc, semble-t-il, rien à
voir avec le cerveau…
Et ce n’est certes pas à la peau gercée de
l’éléphant que s’attache le cornac, mais
à cette fréquence invisible qui l’habite…
Un lien de l’âme et du cœur réciproque?
(Voyez
l’onglet «Introduction / contact»)
«Si l’amour est la réponse, pourriez-vous
reformuler la question?»
~ Lily
Tomlin
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Les éléphants
Leconte De
Lisle (1818-1894)
Le sable rouge est comme une mer sans limite,
Et qui flambe, muette, affaissée en son lit. Une ondulation immobile remplit
L'horizon aux vapeurs de cuivre où l'homme habite.
Nulle vie et nul bruit. Tous les lions repus
Dorment au fond de l'antre éloigné de cent lieues;
Et la girafe boit dans les fontaines bleues,
Là-bas, sous les dattiers des panthères connus.
Pas un oiseau ne passe en fouettant de son aile
L'air épais ou circule un immense soleil.
Parfois quelque boa, chauffé dans son sommeil,
Fait onduler son dos où l'écaille étincelle.
Tel l'espace enflammé brûlé sous les cieux clairs,
Mais, tandis que tout dort aux mornes solitudes,
Les éléphants rugueux, voyageurs lents et rudes,
Vont au pays natal à travers les déserts.
D'un point de l'horizon, comme des masses brunes,
Ils viennent, soulevant la poussière, et l'on voit,
Pour ne point dévier du chemin le plus droit,
Sous leur pied large et sûr crouler au loin les dunes.
Celui qui tient la tête est un vieux chef. Son corps
Est gercé comme un tronc que le temps ronge et mine;
Sa tête est comme un roc et l'arc de son échine
Se voûte puissamment à ses moindres efforts.
Sans ralentir jamais et sans hâter sa marche,
Il guide au but certain ses compagnons poudreux
Et, creusant par derrière un sillon sablonneux,
Les pèlerins massifs suivent leur patriarche.
L'oreille en éventail, la trompe entre les dents,
Ils cheminent, l'œil clos. Leur ventre bat et fume,
Et leur sueur dans l'air embrasé monte en brume,
Et bourdonnent autour mille insectes ardents.
Mais qu'importent la soif et la mouche vorace,
Et le soleil cuisant leur dos noir et plissé?
Ils rêvent en marchant du pays délaissé,
Des forêts de figuiers où s'abrita leur race.
Ils reverront le fleuve échappé des grands monts,
Ou nage en mugissant l'hippopotame énorme,
Où, blanchis par la lune et projetant leur forme,
Ils descendaient pour boire en écrasant les joncs.
Aussi, pleins de courage et de lenteur, ils passent
Comme une ligne noire, au sable illimité;
Et le désert reprend son immobilité
Quand les lourds voyageurs à l'horizon s'effacent.